Pourquoi appelle-t-on ton amour mamie ou papi ? by Jean Joanes un esprit libre

 Pourquoi appelle-t-on ton amour mamie ou papi ?


Mamie et papi sont des appellations très courantes dans les relations amoureuses. Ce sont des petits mots très affectifs qui font couler l'hormone du bonheur (la sérotonine) dans les cellules des amoureux. Des mots excitateurs qui créent du frisson en plein midi. 

Mais, n'avez-vous jamais demandé pourquoi appellez-votre mère, mamie, et ta petite amie, mamie? Et votre père, papi, votre petit ami, papi? Cela ne vous a pas réveillé votre curiosité?


Je vais tenter d'apporter une certain éclairage en me bassant sur la théorie psychanalytique freudienne.


Maintenant voyons ensemble ce que dit la psychanalyse.

 La psychanalyse identifie cinq étapes fondamentales de développement psycho-sexuel de l'individu: le stade oral dès la naissance jusqu'à 18 mois; le stade anal: de 18 mois à 3 ans; le stade phallique de 3 ans à 7 ans; lors duquel survient chez le garçon ce phénomène que Freud appelle complexe d'Œdipe. 

Le complexe d'Œdipe (Ödipuskomplex en allemand), parfois contracté dans l'expression « l'Œdipe », est un concept central de la psychanalyse. Théorisé par Sigmund Freud dès sa première topique, il est défini comme le désir d'entretenir un rapport amoureux et voluptueux avec le parent du sexe opposé (inceste) et celui d'éliminer le parent du même sexe (parricide ou matricide) considéré comme rival. 

Ainsi, le fait qu'un garçon durant cette période soit amoureux de sa mère et désire tuer son père répond à l'impératif du complexe d'Œdipe. C'est en effet de 3 à 5 ans environ que le désir libidinal fait naître la phase œdipienne. 

Le complexe connaît ensuite un déclin et est refoulé disparaissant ainsi de la mémoire consciente. Le refoulement n'est pas toujours complet chez les filles.

Inversement, Freud appelle ce même desir chez la fille, complexe d'ELECTE. Mais ces desirs vont être refoulés dans la période latente( quatrième étape commence de 7ans et terminera au début de l'adolescence). 


 Arriver au stade génital (cinquième stade du développement psycho-sexuel, qui commence à l'adolescence), ces desirs œdipiens vont faire leurs retours. Cependant, c'est d'une manière socialement acceptable en utilisant des mécanisme de défense tels que la sublimation.

Si un jour un jeune homme est tombé amoureux de sa mère, ou une jeune fille est tombée amoureuse de son père, ils recevront  tous les maux du monde. La société les qualifierait d'agents du diable et ils recevraient le sort d'Œdipe tel que raconter dans la mythologie grecque. Qu'est ce qui arrivait à Œudipe? 

On l'avait chassé de la ville! Si c'est vous qui commettez un tel acte, vous auriez vus dans l'opinion comme étant des déviants sociales. Rousseau a écrit dans l'Emille << _Il y  a des  occasions où  un  fils  qui manque  de  respect  à  son  père,  peut,  en quelque  sorte,  être  excusé  :  mais si,  dans quelque  occasion  que  ce  fût,  un  enfant  était  assez  dénaturé pour  en manquer  à sa mère,  à celle  qui l’a porté  dans  son  sein, qui l’a  nourri de  son  lait,  qui,  durant  des  années,  s’est oubliée  elle-même pour  ne  s’occuper  que de lui,  on  devrait  se  hâter d’étouffer  ce  misérable,  comme un  monstre indigne de voir  le jour_ >>.


Saviez-vous pourquoi les gens n'agissent pas ainsi? 

C'est justement pour toutes ces raisons sus-cités, ils préfèrent  canaliser les pulsions vers des objets socialement acceptable. Des objets dont tout le monde se retrouvera et acceptera. 


Cependant, nous sommes tous dominés par le desir envers le parent de sexe opposé, refoulé sous la menace  de la société. 

De manière inconsciente, ce sont ces sentiments qui guident nos choix surtout ceux de nos partenaires amoureux. Dans cette même lignée Freud nous dit que,  _nous sommes inconsciemment attirés par des hommes ou des femmes qui présentent des traits analogues à ceux de notre père ou de notre mère._ C'est à dire, nous ne choisissons pas nos partenaires amoureux de façon consciente, comme quoi c'est le moi qui dirrige. D'ailleurs, l'une des plus fameuses citations de Freud, " _le moi n'est pas le maître de sa maison_ " explique ce comportement. 


Souvent nos actions sont contrôlés par des facteurs inconscients indépendant de notre volonté. Le fait que le jeune homme appelle sa petite princesse, (manmie une appellation créolophone), ou la jeune fille son petit prince papi, n'est pas anodin. Ce phénomène, je l'appelle " *désir reconstitué* " . Et je m'explique: comme nous pouvons pas épouser notre mère/père  par contrainte morale et sociale nous cherchons à déformer cette réalité en projetant ces désirs vers des semblables de notre mère ou de notre père.  Cela est le résultat des facteurs inconscients qui prennent le dessus sur le consient. Le moi n'arrive pas à contrôler ces activités. Ce sont des activités qui sont indépendantes de notre conscience.  C'est ce qui explique l'adage " _l'amour est aveugle_ ".


Est-ce que ces appellations sont spécifiquement liés avec les haïtiens?

Non, c'est plus que ça. L'approche n'est pas réduite a une affaire haïtienne en particulier. 

La terminologie mamie ou papi n'est pas un concept qu'on utilise seulement en Haïti, on y trouve dans la culture française, espagnole ou américaine. Il fait partir des _Surnoms surannés : papi, mamie, mon fiancé, ma moitié_ (journaldesfemmes.fr).


Ce n'est pas seulement le petit garçon qui appelle sa mère "manmie", la fillette le fait aussi. Ce n'est pas seulement la fillette qui appelle son père, papi le petit garçon le fait aussi. Cependant, il ne faut pas confondre le fait que le petit garçon appelle sa mère manmie et la fillette en fait de même pour brouiller la carte. Freud (1920) disait" _Mais bien que la sexualité et les différences sexuelles n'existent certainement pas à l'origine de la vie, il n'en reste pas moins possible que les instincts qui, à une phase ultérieure, deviennent sexuels, aient existé dès le début et aient dès l'origine manifesté une activité en opposition avec le jeu des « instincts du  moi  »._ La première chose à considérer est que la fille n'investi aucune pulsion libidinale envers sa mère, ce qui veut dire cette appellation n'a rien à voir avec un quelconque désir amoureux. Ce qui explique au stade génital, il va reconstituer cette pulsion vers un objet socialement acceptable. Il faut dire, L'inverse est tout aussi vrai. Le fait que la fillette appelle son père papi et le petit garçon appelle son père papi aussi. Chacune de ces appellations a une considération bien particulière. La fillette est intéressé à son père tandis que le petit garçon est tout à fait désintéressé. Voilà la différence entre ces deux types d'appellation.


Pour conclure, il faut prendre en compte le fait que les époux appellent réciproquement baby, il appelle aussi les enfants baby. Cela est expliqué par le _transfert_  de l'objet d'amour vers l'enfant auquel il s'adresse. Ce transfert  est traduit par le désir voluptueux des époux/ses sur l'enfant car, l'image de l'enfant reflète celle de sa moitié. _Une image  inversé_ . Ici, ce n'est pas l'enfant qui est attiré par ses parents mais plutôt, c'est le parent qui projette l'image sur l'enfant. 

Appellez-votre amour manmie ou papi est le résultat d'un long processus d'apprentissage aménagée tout au long du développement de l'individu. Un _apprentissage sociale_ pour emprunter ce concept de Albert Bandura.


*Bibliographie* 


Freud, S. Trois essais sur la théorie sexuelle, ed.electronique, 1905


Freud, S. Le moi et le ça ed.electronique, 1923


Freud, S. Au delà du principe des plaisirs, ed.electronique, 1920


Philosophie pour les nuls


Rousseau, J.J, L'emille ou de l'éducation, ed. Les bourlapapey, 1762


Cairn.infos


Journaldesfemmes.fr

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