Les gémissements d'un révolté by JEAN Joanès

 Les gémissements d'un révolté


Haïti, terre de la liberté, premier pays qui a mis sur le même piédestal l'homme et la femme, le seul pays de la région qui a une histoire originale, sans aucune falsification: les faits sont là. 

Haïti, avec ses différentes ethnies, possède une variété culturelle qui forme l'identité du pays, le véritable symbole de l'unité dans la diversité. 

Vous n'êtes pas sans savoir que chaque région du pays a une forme de dialectes, une manière de vivre, une sous-culture à l'intérieur de la grande culture. Cette diversité fait la beauté de la perle des Antilles, à une époque donnée de l'histoire et jusqu'à présent encore. 


Depuis après 1915, la fierté haïtienne ne cesse pas de diminuer. Au cours de la période de l'occupation américaine, nous ne pouvions pas parler de la souveraineté nationale car les bottes ferrées de la grande puissance étaient sur nos cous. Du coup, le symbolisme haitien commençait par se faire affaiblir. La dictature des Duvaliers ne fit que forcer l'élite intellectuelle du pays de s'émigrer. La peur qui régnait dans la tête du dictateur, Duvalier, a été transférée dans la tête de la majorité des Haitiens. La peur partagée. Même les tontons makouts n'étaient pas épargnés. 

Malgré le changement de systèmes qui a eu en 1986, le passage de la dictature à la démocratie, aucun changement réel n'avait été opéré. Au contraire, la situation allait de mal en pire.

Une démocratie sans préparation. En conséquence, nous sommes punis, le pays est livré au chaos. Les particules multiplient des projets clandestins. Des hommes sans vision ni clairvoyance. Nous n'avons jamais fait des projets durables. Nous avons un projet de société qui n'a jamais été  appliqué et nous l'avons accusé responsable de tout ce qui s'est passé au cours de ces 35 dernières années. De jour en jour les problèmes se multiplient.



En Haïti tout est en voie de disparition: les oiseaux, les poissons, notre couverture forestière, nos valeurs et même l'homme haïtien, dommage! Depuis après 1986 nous ne faisons que creuser nos tombes. Nous ne cessons pas de créer des monstres. Des monstres qui tourneront contre nous et nous font pleurer. Ils transforment le pays en un état chaotique et invivable. 

Depuis bien des années, les cerveaux ne cessent pas de fuir. Les meilleurs techniciens vont à l'extérieur. Le pays est bidonvillisé et cocoratisé. 

_Ces derniers temps, il est plus facile pour qu'une  fourmi traverse une rivière en crue au lieu qu' un haitien circule en toute quiétude dans les rues de Port-au-Prince._ Le bien-vivre, mener une vie paisible en toute quiétude, n'existe presque plus dans la première république noire indépendante. Dès qu' on est en mesure de satisfaire les besoins de base à savoir : boire, manger, dormir etc... cela constitue déjà pour votre entourage immédiat une violation de leur droit, une menace. Alors que dans la pyramide des besoins d'Abraham Maslow, boire, manger, etc... constitue les besoins primaires de tous les êtres humains. Pourtant, ici, c'est une source d'insécurité, satisfaire les besoins primaires. 


Cette attitude est le résultat d'une construction mentale faite par une catégorie de gens qui ont pour mission de favoriser l'anéantissement de cette race qui est issue d'une spécificité rare. Comme les hommes de couleurs ont l'habitude d'insulter les noirs en les traitant de nègres de maison. Une expression violente. Beaucoup ont essayé cette formule: Gobineau, Francis Galton par exemple. Ces auteurs racistes-là avaient fait le meilleur d'eux-mêmes pour réduire la race noire au néant. 

Le système continue encore avec ce travail. Les agents de ce système ont infiltré le système éducatif haitien et en profitent pour détruire la nation. Cette envie de destruction est dûe à la leçon que nous avons donnée au reste du monde en 1804. Depuis lors, nous devenons l'objet d'une perception, l'impérialisme occidental. Ils nous connaissent mieux que nous nous connaissons nous-mêmes. Ils savent de quoi nous sommes capables. Donc, ils nous font croire en des illusions. Cela est possible parce que nous nous voyons dans leurs  jugements. Autrement dit nous les prenons comme notre miroir. Dans la fausse perception créée, ils nous aident à commettre des bêtises. 

Constatant ces malheureux faits, la nécessité m'est imposé d'aller à l'extérieur afin d'avoir une meilleure connaissance de nous-mêmes. Je veux connaître le fonctionnement des mafias pour les défier. Le temps l'exige et la circonstance le réclame. 

Malheureusement, depuis quelque temps, nous n'avons pas des dirigeants qui sont en mesure de redresser la barque. Ils sont aussi victimes de ce lavage de cerveau. D'où le résultat décevant de leur passage dans les fonctions publiques. Ils agissent comme des idiots utiles. Lorsqu'on parle de l'expression « idiot utile », on fait référence à des personnes qui servent des desseins qui contredisent leurs aspirations profondes. Elles sont de bonne foi, mais manipulées. En grande partie, les leaders haitiens ont ce comportement, le comportement d'idiot utile.


En Haïti tout est politisé. Ici lorsque je parle de la politique, ce n'est pas dans le sens propre du terme, à savoir la gestion de la cité, là où il y a une politique bien définie pour chaque secteur de la vie nationale. On pourrait parler d'une politique: Éducative, agricole, sportive, sanitaire, environnementale, etc. 

Dans ce cas-là, la politique fait référence à la corruption et à l'incompétence. De l'amateurisme total. Tout au profit de l'acteur peu importe la répercussion de l'action sur le reste de la société. Ici même l'insécurité est politisée. Toute planification personnelle que nous pouvons faire se fait en fonction de la volonté des décideurs politiques. Bien des fois ce sont les leaders politiques qui nous donnent la possibilité de faire les achats des produits garantissants notre survie. Ils nous donnent un moment de ravitaillement. Pauvres nous! C'est exactement ça qu'on appelle comportement idiot utile. Ils disent qu' ils nous défendent; pourtant, ils nous font soufrir.


Imaginez-vous un instant, un jeune intellectuel, comme vous, qui veut vivre le rêve haitien dans votre pays, mais qui est obligé de laisser Haïti à cause de toutes les sortes d'insécurité: Insécurité financière, insécurité routière, insécurité alimentaire, insécurité d'emploi, insécurité sociale, etc...


Je me demande qui agirait un jour pour garantir la stabilité en Haïti afin que nous soyons en sécurité dans notre pays. Quelqu'un qui n'a pas le comportement d'idiot utile. Je voudrais bien savoir s'il n y a pas quelqu'un qui peut tracer la route pour favoriser le retour de la diaspora dans leur terre natale. Leur héritage ancestral. Lorsque Dieu demanda au peuple: Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous? Esaie a répondu: Me voici, envoie-moi. Je me suis donné également au pays. Parce que Je ne veux plus vivre dans une société où les gens cultivent la misère comme vertu;  la richesse, comme un péché mortel. _Je ne veux plus vivre dans un pays où tout est politisé. Je ne veux plus vivre dans un pays où on promote la médiocrité au détriment des valeurs. Je ne veux plus vivre dans une société où le mal est au dessus du bien._ 



Même si ma vie ne m'appartient plus, car je l'ai déjà donné à Jésus, je n'hésiterai en aucun cas de faire le meilleur de moi-même, peu importe où je serai, de faire l'honneur d'Haïti. Quoique Haïti pousse tous les jours ses fils vers l'extérieur, nous devrions nous arranger d'une manière à ce que notre existence apporte une lueur d'espoir pour les générations qui suivent.


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