Ruthline Faure écrit Par Jean Louis Butherly le Médecin de la Culture Chapitre #1 La rencontre

 


Ruthline Faure 


Chapitre #1


La Rencontre et la Rupture


Nous nous sommes rencontrés par un pur hasard en 2016. À cette époque, la vie ne semblait pas compliquée. Nous étions jeunes, innocents, et la réalité des responsabilités d'adultes nous paraissait encore lointaine. C’était un après-midi d’octobre, le soleil se couchait doucement, et j’étais assis sur un banc dans ce parc que j’aimais tant. C’est là que je l’ai vue pour la première fois, Ruthline Faure.


Elle portait une robe simple, mais qui reflétait une élégance naturelle. Ses yeux pétillaient de vie, et son sourire illuminait tout autour d’elle. C'était comme si le monde entier s'était arrêté un instant pour me permettre de contempler ce tableau parfait. Sans trop réfléchir, je l’ai abordée, et en quelques minutes, nous avons commencé à parler comme si nous nous connaissions depuis toujours. La magie opérait.


Très vite, nous avons découvert que nous étions tous les deux étudiants. Nous partagions les mêmes rêves, les mêmes ambitions, et les mêmes espoirs pour l'avenir. Elle voulait devenir avocate, et moi, je poursuivais mes études agricoles. Nous parlions souvent de l'avenir, de notre avenir. Nous avions des projets ensemble, des rêves de voyages, de bâtir une vie simple, mais remplie de bonheur. Rien ne semblait pouvoir nous arrêter.


Ces années passées ensemble ont été marquées par des moments de bonheur que je ne pourrai jamais oublier. Les promenades au clair de lune, les nuits passées à réviser ensemble pour nos examens, les fous rires échangés sans raison. Chaque instant passé avec elle était un cadeau que je chérissais.


Mais en janvier 2022, tout a basculé. Du jour au lendemain, elle m'a quitté. Sans explication, sans un mot. J'ai cherché à comprendre, à savoir ce qui s’était passé, mais aucune réponse ne venait. Le silence était plus cruel que n’importe quelle vérité. À ce moment-là, j'étais en pleine préparation pour mon examen de quatrième année. Sa rupture m'a dévasté, et j'ai failli échouer à mes études. Pourtant, avec beaucoup de difficulté, j'ai réussi cet examen. Mais la douleur, elle, restait gravée en moi.


Peu de temps après, j’ai appris la vérité. Ruthline était avec un homme âgé, un homme riche. En Haïti, l'argent ouvre toutes les portes, et souvent, les parents encouragent leurs enfants à choisir des partenaires en fonction de leur richesse plutôt que de leurs sentiments. Je savais que Ruthline ne faisait pas cela par choix. Elle était victime de cette pression sociale et familiale. Ses parents avaient vendu son âme pour de l'argent, pensant que cela assurerait son bonheur.


Mais le destin avait d'autres plans. Quelques mois plus tard, on apprit que Ruthline était gravement malade. Une maladie incurable s’était emparée d’elle. J'ai essayé de la contacter, mais elle était déjà trop loin, enfermée dans une cage dorée qu'elle avait elle-même choisie sous la contrainte. Ses parents, aveuglés par l'argent, n'avaient pas respecté son premier choix, son premier amour. Ils avaient ignoré son cœur pour des billets de banque.


Ruthline est morte un matin de novembre. Sa beauté, son esprit, tout ce qui la rendait unique, s’est éteint ce jour-là. Ses parents ont regretté leur décision, mais il était trop tard. Leur amour pour l’argent avait exposé leur fille à une mort prématurée. Elle n’avait jamais mérité cela. Ruthline Faure, cette femme que j’avais tant aimée, ne méritait pas d’être trahie par ceux qui devaient la protéger.


Ce jour-là, j’ai compris une leçon cruelle : parfois, il faut respecter les choix des adolescents. Ils peuvent sembler naïfs ou immatures, mais leur cœur connaît souvent une vérité que les adultes, avec leurs calculs et leur cynisme, oublient. Ruthline avait choisi l’amour, mais ses parents l’ont poussée vers une fin tragique. Ils ont vendu leur fille, et la mort l’a emportée en retour.


Et moi, je reste là, avec le souvenir d'une femme qui, à mes yeux, ne méritait pas cette fin. Ruthline Faure ne méritait pas l’amour tel qu’il lui a été imposé. Elle méritait un amour pur, sincère, et dénué de toute transaction. Mais dans ce monde cruel, même l’amour semble parfois se vendre au plus offrant.


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