La mort de l' Agriculture en Haïti depuis 1915 et l’inexistence des agronomes dans ce pays.

 


La mort de l' Agriculture en Haïti depuis 1915 et l’inexistence des agronomes dans ce pays.


Sujet : Faites ressortir les conséquences de l'occupation américaine sur la paysannerie haïtienne.

Plan

Problématique générale 


1- Résume du pays à la veille de l’occupation


       La paysannerie haïtienne panorama de L’indépendance à nos l’occupation( Synthèse)  

                    L'indépendance et les paysans 

2- L’occupation américaine sur le plan politique :  ses conséquences sur la paysannerie haïtienne

 

                        -Le rétablissement du monopole de la contrainte physique légitime


                        -  La résistance politique, intellectuelle et idéologique à l'occupation


Conséquences sur le plan économique 

- Concessions et dépossessions 

Exode de la paysannerie 

La farce de la modernisation de l’agriculture 

Aggravation de l’exploitation et de la misère paysanne 



3- Conséquences sur le plan social


Conclusion 


Problématique générale 

Contrairement à ce que pensent certains historiens haïtiens, l’occupation américaine fut la conséquence de l’effondrement de la paysannerie haïtienne (Sauveur Pierre Étienne, échec de l’État moderne chapitre 5 p. 157, 158)Selon l'historien fictif  Jean-Jacques Doubout, de Michel Hector )  Après 111 ans d’indépendance (1804-1915), les élites politiques haïtiennes n’étaient pas parvenues à doter le pays d’un État moderne. Nous pourrons dire, sur le plan interne, elles s’étaient révélées incapables de faire face aux problèmes sociaux et économiques qui engendrèrent des tensions, crises et conflits sociopolitiques aigus. Sur le plan externe, elles n’arrivaient pas à gérer convenablement les pressions et menaces immanentes au système d’États concurrentiel, et à moderniser les structures archaïques et arriérées du pays, en fonction des avancées techniques et des innovations technologiques de l’époque, en vue de l’adapter à la dynamique du système capitaliste mondial. En outre, la non-intégration des masses populaires et paysannes et la non-rationalisation de la domination politique avaient fait de la légitimité et du consensus entre les élites politiques des notions vides de sens. La violence constituait donc le fondement du système politique haïtien. Or, ne disposant pas d’une armée professionnelle et efficace ni d’une administration publique moderne, l’État haïtien devait perdre le monopole de la contrainte physique légitime et celui de la fiscalité au cours de sa phase de désintégration, conduisant ainsi à une instabilité chronique. Sur ce point  JEAN-BAPTISTE, Serge, dans son mémoire intitulé :  L’attitude de la presse port-au-princienne, 1915-1926 nous dit clairement ; La guerre civile, le chaos, l’anarchie, la crise économique, financière et monétaire, structurelle et conjoncturelle, ont conduit à la banqueroute totale et, finalement, à l’effondrement de l’État. Ce vide étatique consacrait l’effondrement de l’État haïtien, ouvrant ainsi la porte à la mise en œuvre de la politique interventionniste des États-Unis, dans un contexte international, du fait même de la Première Guerre mondiale en Europe, favorable à l’établissement de la Pax Americana. L’état de délabrement d’un pays ravagé par des guerres civiles interminables et l’incapacité des élites politiques haïtiennes à imposer même une solution autoritaire aux problèmes d’agitation sociale et d’instabilité politique qui secouaient Haïti créaient une situation de désarroi favorable à l’intervention militaire étrangère. L’impossibilité pour les détenteurs du pouvoir étatique de contrôler les mouvements populaires urbains et les soulèvements paysans avaient porté les couches aisées à accueillir les marines en libérateurs. En outre, le caractère prédateur et foncièrement répressif de l’ancien État haïtien, à la fois l’ennemi et l’objet de risée des couches défavorisées, et sa faiblesse structurelle lui enlevaient toute possibilité de trouver des défenseurs au sein des masses urbaines et paysannes. Avec le débarquement des troupes américaines, l’histoire ne faisait que chanter ses funérailles. Seul le soldat Pierre Sully se montra digne des héros de la guerre d’indépendance, en refusant d’obéir aux ordres des marines de déposer les armes et de vider les lieux. Ne trouvant aucune résistance armée organisée, l’amiral Caperton procéda au déploiement rapide de ses troupes, en s’emparant d’abord des points stratégiques et des bâtiments symboliques : casernes, ports, bureaux des douanes et des contributions, palais présidentiel et locaux abritant les ministères et les tribunaux. Dans les mois d’août et de septembre 1915, ayant reçu les renforts nécessaires, l’occupation s’étendit aux villes portuaires du pays. La tâche de désarmement de la population se poursuivit sans répit. La liquidation des débris de l’armée haïtienne permit à l’occupant de consolider son pouvoir militaire, financier et juridique dans les principales villes. Mais la pacification totale du pays et son occupation, sans la collaboration des nationaux, auraient exigé des moyens militaires et financiers énormes que les Américains n’étaient pas prêts à consentir.

Avant même la reddition des principaux chefs cacos, parallèlement au processus de contrôle des centres importants de la vie économique et politique haïtienne, l’occupant allait identifier les forces sur lesquelles il devait s’appuyer pour diriger le pays. Son objectif était de créer le cadre institutionnel approprié, en donnant une base légale à la collaboration d’une Fraction des élites politiques locales. En préambule nous pourrons dire en suivant les mots de Suzy castor pendant l’occupation américaine la situation de la masse paysanne n'avait pas changé avec l'occupation. En 1923, on estimait à 95% le taux d’analphabétisme en Haïti 2005. La paysannerie était analphabète dans sa totalité ; en 1930, le professeur Kirkpatrick soulignait que le paysan n'avait changé ni en éducation "ni comme agriculteur« Dans les lignes qui vont suivre nous allons tenter de montrer les conséquences de l'occupation américaine sur la paysannerie haïtienne.









Résumé de la situation du pays à la veille de l’Occupation américaine

Au début du 19e siècles, alarmés par la triste situation du pays, plusieurs compatriotes pensaient, avec Hannibal Price : "La société haïtienne ne peut descendre plus bas... Il faut qu'elle se redresse où qu'elle périsse. Dans cinquante ans, nous serons une nation encore petite mais respectable et respectée sinon crainte ou bien nous ne serons rien “.À partir de la fin du XIXème siècle, les intérêts américains amenèrent le gouvernement à intervenir directement dans les affaires internes des pays convoités, comme ce fut le cas, en 1893, des îles Hawaï. En 1898, la guerre contre l'Espagne pour le contrôle de Cuba marqua le tournant impérialiste de la politique extérieure américaine. Profitant du mouvement d'émancipation du peuple cubain, initié en 1895, les États-Unis entrèrent, en 1898, en guerre avec l'Espagne, qui dut capituler après quatre mois de lutte contre le peuple cubain et la puissance américaine. L'Espagne signa, en 1898, le traité de Paris avec les États-Unis - et non avec Cuba. Théoriquement, Cuba était indépendante ; en fait, comme les Philippines, Puerto Rico et les îles Guam, il tombait sous la tutelle des États-Unis par "droit naturel.

Après trois ans d'occupation effective, les États-Unis signèrent avec Cuba, en 1901, le traité connu sous le nom d'Amendement Platt, par lequel Cuba devenait un protectorat, perdant le droit de conclure des alliances avec d'autres pays et celui d'effectuer des modifications dans sa politique intérieure sans le consentement du gouvernement des États-Unis. L'Amérique Latine, et en particulier la zone des Caraïbes, occupèrent une place de choix dans cette stratégie de conquête. Avec ses terres tropicales, riches et fertiles, sa proximité géographique et sa position face au Canal de Panama, la "Méditerranée Américaine" était considérée par plusieurs hommes d'État du Nord comme une chasse gardée particulière. "Il est inévitable que, tôt ou tard, les États-Unis protègent et réglementent la vie des républiques des Caraïbes - commentait Roosevelt -. L'adhésion à la doctrine Monroe peut forcer les États-Unis, même  sa volonté, et en cas de mauvaise conduite ou d'impuissance de ces États, à exercer la politique de police internationale" 

Haïti, autonome depuis le 1er Janvier 1804, a été reconnu officiellement comme État indépendant et souverain, d'abord par la France en 1825 et ensuite par toutes les autres puissances du monde. Elle est liée par des traités et conventions avec les principales nations d'Europe, d'Amérique et d'Asie. Elle a participé, à égalité parfaite avec les autres États, à toutes les grandes conférences internationales. Elle a la plénitude du droit de légation. Ellea ses représentants à la Cour Permanente d'Arbitrage de la Haye. Elle est signataire du Traité de Versailles et membre originaire de la Société des Nations, où elle siège avec honneur et où sa voix, dans les assemblées plénières, compte autant que celle de la Grande Bretagne, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie ou du Japon.

De quel droit les États-Unis ont-ils donc, suivant le propre aveu de l'amiral Caperton, « effectué une intervention militaire » dans les affaires de la République d'Haïti indépendante et souveraine ? comme l'a montré avec force convaincante l'écrivain américain James Weldon Johnson dans une série d'articles documentés que The Nation a publiés en 1921 Comme le prouve avec évidence l'histoire de l'occupation civile d'Haïti de 1915 à aujourd'hui l'intervention des États-Unis dans la République haïtienne n'a été inspirée que par des intérêts financiers particuliers ; c'est pour permettre à quelques Américains de disposer à leur guide du trésor haïtien et de satisfaire leur instinct de domination que l'occupation militaire d'Haïti a été faite et qu'elle est maintenue. Tout le reste est mensonge...

Le Gouvernement de M. Wilson, ayant ainsi pris possession de la République d'Haïti, voulut légaliser cette situation. Et, à cet effet, il imposa au peuple haïtien la Convention de Septembre 1915. À la séance de la Chambre des communes où cette convention fut votée, un jeune député, le docteur Raymond Cabèche, représentant la ville des Gonaïves, se leva et prononça ces paroles. « Au nom de l'humanité, le Gouvernement des États-Unis - suivant les déclarations de ses agents - a opéré dans notre pays une intervention armée. Et il nous a présenté, à la Pointe des baïonnettes et avec l'appui des canons de ses croiseurs, une convention que, du haut de son impérialisme, il nous invite à ratifier. Qu'est-ce que cette convention ? C'est un protectorat imposé à Haïti par M. Wilson . Avant de voir les conséquences de l’occupation américaine sur la paysannerie haïtienne voir ensemble cette cheminement intellectuel du fondement de la paysannerie haïtienne à l’occupation américaine de 1915

.La paysannerie Haïtienne panorama de l’indépendance à l' occupation américaine

Pour parler de la paysannerie haïtienne, de son rapport avec le milieu rural, de son écoute des propositions de la communauté internationale sur la modernité, il faut remonter vers la genèse et la formation même de cette paysannerie. De ce fait ,La paysannerie haïtienne provient de la masse d’esclaves qui a contribué, aux côtés des fondateurs de l’Indépendance, à la construction de cet Etat-Nation que devrait être Haïti. Au départ, il s’agissait d’individus, à peine sortis de l’esclavage, analphabètes et sans référence commune – puisqu’ils provenaient de tribus africaines différentes, avec des dialectes très éloignés, ce qui entraînait des problèmes de communication.

Le premier exploit remarquable de cette masse humaine a été de construire une langue, le créole, à partir des différents dialectes africains, avec des emprunts à l’espagnol et au français. Cette langue d’échange servira ensuite pour réaliser la révolution. Les Haïtiens ont mis au cœur de leur démarche la foi dans la liberté, dans le sens des libertés citoyennes, et aussi celle de décider eux-mêmes de la façon de construire leur avenir. Enfin, ils ont mixé leurs cultures, venues d’Afrique de l’Ouest ou d’Afrique Centrale, avec la religion catholique, dans le syncrétisme qu’est le vaudou.

L’indépendance et les paysans

Après l’Indépendance, la paysannerie a dû évoluer et approfondir la langue et la religion qui sont les signes, dans la vie quotidienne, de cette liberté tant attendue.

Malheureusement, sur le plan international, Haïti a été isolé et pendant longtemps, la question haïtienne a été absente de la scène internationale. On n’a pas voulu tenir compte de cette révolution pourtant extraordinaire. Le pays s’est trouvé dans l’obligation de brader son économie à travers un commerce illicite en particulier avec les Anglais, les Hollandais, les Américains et les Allemands.

A l’intérieur, la construction de l’Etat-Nation, qui était fondamentale, et la mise en route d’un processus d’identification nationale et d’intégration de la population dans la dynamique au pouvoir pour que l’Etat s’identifie suffisamment avec la nation, n’ont pas eu lieu. Depuis la mort de Jean-Jacques Dessalines au Pont-Route en 1806, l’effort de mise en œuvre de la nation s’est estompé. De ce fait, la nation haïtienne a suivi sa propre voie. Cette proto-paysannerie a refusé le caporalisme agraire de Toussaint Louverture, de Dessalines et de Christophe. parce que, pour elle, le projet de l’Etat allait à l’encontre des intérêts du peuple. L’Etat haïtien voulait remettre en place les grandes plantations agricoles, les redistribuer aux dignitaires et aux généraux de l’Armée et prendre les pauvres comme main-d’œuvre dans ces grandes exploitations. Les paysans ont refusé ce projet et ce modèle de société ; ils ont préféré prendre les mornes (partir dans la montagne) et s’installer sur de petites propriétés, développant l’agriculture vivrière que l’on connaît actuellement. Là est l’essence de cette paysannerie. La nation haïtienne, dans son fondement véritable, est composée, d’une part, de gens issus des dignitaires et des anciens colons qui ont eu, tout au cours de l’Histoire, le monopole du pouvoir et de l’économie, d’autre part, d’une masse qui s’est réfugiée très loin et qui a su construire une économie agraire basée sur l’entraide, la solidarité et sur la force du travail individuel et familial. C’est cette résistance paysanne qui a construit l’identité nationale, et permis à la société haïtienne de traverser tout le XIXème siècle et de se maintenir debout pendant le XXème siècle après cette panorama du fondement de la paysannerie haïtienne il est important de voir les conséquences de l’occupation américaine sur la paysannerie haïtienne voir les conséquences sociales sur les pays 



1- Conséquences sur le plan politique


- Le rétablissement du monopole de la contrainte physique légitime



Pour  Faire régner l’ordre et la paix dans le pays impliquait inévitablement la constitution d’un appareil répressif efficace, avec un effectif raisonnable  réparti sur toute l’étendue du territoire, centralisé et doté d’une chaîne de commandement pouvant assurer la coordination de ses activités sur  le terrain. Ainsi que prévu par l’article X de la Convention, la création de  la Gendarmerie qui allait devenir par la suite la Garde d’Haïti, composée d’Haïtiens et dont les officiers supérieurs étaient tous des Américains,  répondait à cet objectif impérieux. Cette force entraînée et équipée dans le but de devenir la gardienne de l’ordre se voulait amie des citoyens qui respectaient la loi et ennemie des «bandits» qui perturbaient la paix publique. L’accélération des programmes de formation de ses cadres nationaux et la modernisation de l’institution la rendirent rapidement opérationnelle.Au début, sa tâche consistait essentiellement à débarrasser la capitale de la présence des Cacos38. Cette étape franchie, il lui revenait de pacifier le territoire  national. Le vrai baptême de feu de la gendarmerie allait commencer en 1917, avec  l’entrée en scène de Charlemagne Péralte: héros de la résistance paysanne  à l’occupation américaine d’Haïti. La campagne de désarmement et sur-tout le rétablissement de la corvée pour les travaux publics rappelaient aux  paysans le spectre de l’esclavage. Cette dernière décision constituait une régression puisqu’elle remettait en vigueur une loi haïtienne dont l’appli- cation était abandonnée depuis quelque temps. Condamné à cinq ans de  prison par un tribunal prévôtal pour avoir pris part à l’attaque contre la  maison du capitaine Doxey, commandant de la ville de Hinche, située dans  le département du Centre, Péralte avait été obligé de balayer les rues de la  ville du Cap-Haïtien. Il n’était pas du genre à tolérer le caractère vexatoire  du traitement qui lui était infligé. Dans les geôles de l’occupant, il n’hésita  pas à tuer un marine qui osa le frapper. Le 3 septembre 1917, il réussit à  convaincre la sentinelle de garde de fuir avec lui dans les montagnes pour  déclencher la lutte armée en vue de chasser les envahisseurs Dans les trois premiersmois de l’occupation, on enregistra 200  morts dans les rangs des Cacos. De 1916 à 1918, 250 autres furent victimes des balles américaines. En 1919, à l’apogée de l’épopée de Charlemagne Péralte, 1 881 guérilleros furent massacrés par la gendarmerie appuyée  par les marines. Les succès de celle-ci furent rendus possibles grâce aux  renforts dépêchés par la puissance occupante. L’assassinat de Péralte le  1 er novembre 1919 et celui de Benoît Batraville, son successeur, le 19 mai 1920,  mirent fin à la résistance armée. La pacification du pays devint une réalité. À la suite du désarmement total de la population, la voie était grande  ouverte à l’accélération du processus de centralisation militaire et politique.  Elle permit m la concentration des moyens de contrainte et fit de l’État, à travers la gendarmerie, l’instrument idéal de la violence du pouvoir central :  détenteur exclusif de la contrainte physique légitime. En organisant la gendarmerie  de façon à empêcher le développement des solidarités régionales  en son sein, en renforçant le pouvoir de la police rurale et en faisant de Port-au-Prince le seul et unique siège de détention, de concentration et de  centralisation du pouvoir d’État, l’occupant avait bouleversé de fond en  comble l’échiquier politique haïtien. Cette nouvelle dynamique créa une nouvelle donne politique: la paysannerie se trouvait complètement écartée  du jeu politique; le militarisme entra en hibernation; le régionalisme  disparut du panorama politique du pays. Ce fut aussi l’approfondissement  de la différence entre les villes et les campagnes et, un peu plus, entre la  capitale et le reste du pays45. Mais, avec la fin de la résistance armée, on allait assister à une radicalisation de la résistance politique, intellectuelle  et idéologique. Nous allons voir maintenant un ensemble de revendication s paysanne et l’usage du concept paysans dans la lutte contre l’occupation américaine


La résistance politique, intellectuelle et idéologique à l'occupation

Dès le début du mois d’août 1915, une certaine résistance politique à l’occupation américaine commença à se manifester au Sénat et à la Chambre des députés. Certains parlementaires entendaient s’opposer au processus devant conduire à l’imposition de la Convention haïtiano-américaine du 16 septembre 1915. Ils devaient aussi, par la suite, et en maintes occasions,  s’opposer aux actes de l’Exécutif présidentiel visant à normaliser l’occupation. L’occupant utilisa l’intimidation, la menace de recours et le recours  à la force pour mater la rébellion parlementaire. Mais la vraie opposition  politique fut l’œuvre de certains intellectuels de la petite bourgeoisie libérale. En effet, dès le 10 août 1915, à l’appel de Georges Sylvain, ancien  ministre plénipotentiaire à Paris et avocat du barreau de Port-au-Prince,  un groupe d’Haïtiens hostiles à la présence des marines dans le pays – la plupart exerçant des professions libérales, fonda L’Union patriotique qui déclara se constituer pour combattre l’occupation et contribuer au recou-vrement de la souveraineté nationale.Sous la direction, entre autres, de 

Georges Sylvain, Pauléus H. Sannon, Sténio Vincent et Jean Price-Mars,  L’Union patriotique demanda la fin immédiate de la loi martiale, l’abro-gation de la Convention de 1915 qui légalisait l’occupation, la mise sur pied  d’une assemblée constituante et le retrait du pays, sur une courte période,des troupes américaines.Comme la résistance armée était l’apanage de la paysannerie, la lutte politique à Port-au-Prince revêtit une dimension purement intellectuelle et idéologique. Elle donna lieu à la parution d’une pléiade de journaux d’opposition: La Patrie, Haïti intégrale, La Tribune, La Ligue, qui furent le fer de lance de ce bouillonnement d’idées anti-occupationnistes.Les idées diffusées dans ces journaux et l’attitude raciste de l’occupant. furent à l’origine du grand mouvement nationaliste qui porta au pouvoir Stenio Vincent, le 18 novembre 1930. Le nouveau président négociera la fin de l’occupation en 1934. Étant donné que le monopole de la contrainte physique légitime ne va pas sans son pendant, l’occupant ne pouvait pas ne pas se pencher, parallèlement, sur l’organisation du monopole de la fiscalité, à travers la reconstruction et la modernisation de l’administration publique. Sur ce point , il nous convient de voir le livre de Suzy Castor , L’occupation américaine d’Haïti car dans ce livre , elle nous montre le fil conducteur pour comprendre les conséquences de l’occupation américaine sur la paysannerie haïtienne 


 Conséquences sur le plan économique 

- Concessions et dépossessions 

La farce de la modernisation de l’agriculture 

Aggravation de l’exploitation et de la misère paysanne 

La pénétration économique dans l’agriculture

La paysannerie devint victime des expropriations, forme première de l'exploitation capitaliste dans une colonie ou pays occupé. À partir de juillet 1915, plusieurs hommes d'affaires s'intéressent à l'établissement de plantations agricoles. Plusieurs commissions voyagent pour étudier les possibilités offertes par Haïti à cette fin, et les résultats des études, envoyées au Département d'État, semblent favorables. M. Check, de la Goodrich Co., recommande confidentiellement Haïti comme la seule île des Caraïbes pouvant assurer pleinement la culture du caoutchouc . Le Département des Affaires Etrangères accepte la conclusion de José Lopez sur les possibilités de culture de la banane par la Tropical Banana, Division of the Atlantic Fruit Co.  Frédéric Greenhalge envoyait à Mc Intyre, chef du bureau insulaire, des rapports sur la culture de la canne à sucre et du coton .

Le succès des investisseurs à Cuba, Puerto Rico, en République Dominicaine et en Amérique Centrale allait pouvoir s'étendre à Haïti. L'euphorie commença par l'obtention de concessions sous le prétexte de fournir du travail à la population et d'assurer le développement économique. 

Changements substantiels dans la législation agraire

Pour faciliter la pénétration du capital américain, plusieurs dispositions légales furent prises tout au long de l'occupation en fonction des plaintes, des suggestions ou des exigences des investisseurs disposés à placer leurs fonds dans le pays. En 15 ans, de 1915 à 1930, au moins 33 mesures législatives furent adoptées. On n'eut pas le temps de mener à terme un projet de Tribunal Agraire Spécial d’Exception. Comme on l'a vu, la première mesure fut la suppression de l'article 5 de la Constitution, qui prohibait le droit de propriété aux étrangers.

Par la loi du 22 décembre 1922, le gouvernement autorisait l'affermage des terres de l'État pour une période de 9 à 30 ans, renouvelable aux personnes ou compagnies qui auraient fait la preuve de leur capacité financière. La loi du 20 février 1924 autorisait l'affermage des terres inoccupées et la vente de propriétés de l’État. La loi du 16 février 1924, qui régissait le droit de propriété immobilière pour les étrangers et les sociétés immobilières, "garantissait pratiquement des droits illimités aux compagnies étrangères formées sous les lois haïtiennes" Il était clair que les seuls bénéficiaires de ces lois étaient les grandes compagnies américaines au détriment du petit propriétaire ou du fermier haïtien. La loi du 1er février 1926 autorisait l’État à récupérer, s’il le jugeait nécessaire, les terres louées en accordant au fermier déplacé un délai de 8 à 40 jours pour vider les lieux. Cette dernière loi fut complétée par celle du 27 juillet 1927. Après divers analyses sur les conséquences de l’occupation américaine sur les paysans , il convient de voir : 

La paysannerie et les compagnies agricoles americaine

Toutes les composants de la paysannerie sont victimes directement ou indirectement de l’intervention militaire americaine.Outre l’acces des etrangers a la proprieté fonciere, la convention,marchant sur les pas du fameux contrat Mac Donald de 1910, autorise des societé agricoles etrangeres à louer des terres de L Etat avec de baux a tres longs termes jusqu’à 99 ans. Une douzaines de societé américaine entre ainsi en possession de tres grands domaine dans les plaines les plus fertiles du pays.Par contre , nous allons mentionner que les deux plus importants qui ont eu une de vie assez longue.Il s’agit de :

1-la Haitian American sugar Company(HASCO),etablir des 1915 qui a pu obtenir jusqu’à 10000 carreaux dans les plaines du cul de sac et de Leogane.Elle y développa la culture de la canne a sucre et implanta son propre réseaux de chemin de fer pour approvisionner directement son usine sucriere, de la étant ,elle va avoir besoin de main d’œuvre pour exploiter ses terres ce sont les paysans qui vont permettre a ses compagnies d’en tirer profit 

2-La Haitian American Development Corporation (HADC) 1926 qui entre prit la culture du sisal sur des vaste étendues de terre ,concédées dans le Nord Est et englobant les localités de Phaeton,Derac,etc…………Au total , plus de 100 000 carreaux sont contrôlés par une douzaine de compagnie durant les dix neuf années d’occupation. L’établissement de ces compagnies provoque beaucoup de misère dans la paysannerie et donne lieu à des importants mouvements d’exode rural et d’émigration massive vers d’autres régions de la caraïbe. Sur ce point aussi voir la paysannerie et la corvée qui était considéré comme un dévaste total sur la paysannerie haïtienne

La paysannerie et la corvée

 Dans  les propos du grand professeur Lesly Manigat , Les dispositions régissant la corvée se trouvent dans le code rural de Boyer , remis en vigueur par Geffrard en 1863, mais elles étaient tombées  en désuétude .En 1916 sur la suggestion d’un ministre de Sudre Dartiguenave, le chef de l’armée d’occupation , évoquant l’intérêts stratégiques de l’existence de bonnes routes entre les villes haïtiennes et afin de pouvoir mieux pénétrer dans le territoire tenus par les cacos intime a la gendarmerie d’Haïti l’ordre de remettre en vigueur sur tout l’étendue du territoire , les articles du code rural relatif a la corvée. Sous la surveillance de l’armée le paysan est requis de travailler sans compensation  six jours par an pour entretien des routes dans les sections ou il habite.

Bien entendu, l’occupant orchestre localement une propagande agressive en faveur de la corvée, évitant le président Sudre D. à visiter, sous la haute protection, des corvées  à visiter  partagé avec elles des rations de riz collé et du tafia. Dartuguenave en profite pour essayer de convaincre les paysans qu’en participant  à la corvée, ils travaillent dans l’intérêt du pays et dans leur propre intérêts et que ce n’est pas du tout du travail forcé pour les blancs

Les pays, historiquement opposés au travail forcé, sont mecontents de la décision gouvernementale d’organiser la corvée pour  l’entretien des routes et la construction de nouvelles. Devant la commission sénatoriale d’enquête, le Major Butler reportera la responsabilité de la décision sur les officiels Haïtiens. En effet, C’est le ministre de l’agriculture, Etienne Dornéval, qui a signé une circulaire aux Magistrats Communaux, les invitant à réquisitionner la main-d’œuvre paysanne disponible pour le travail routier. Le régime de la corvée est ainsi institué. Personne n’est épargné : Les hommes, les femmes, vieillards, même parfois les enfants. Les gendarmes haïtiens et leurs auxiliaires dans les campagnes, pêchant par excès de zèle, traitent les paysans comme du bétail. Les réquisitionnés sont liés entre eux avec des cordes par le bras et souvent matraqués. 

La population des campagnes vit une situation de répression comme si elle était en guerre : répression de masse, massacre, incendies des maisons et travail forcé. La réquisition de corvéables provoque des émeutes paysannes. Mais c’est dans les régions du plateau Central qu’éclate une véritable guerre paysanne contre la corvée Concessions, dépossessions

Dans ces conditions, les capitalistes vinrent en grand nombre solliciter des concessions. Des milliers de carreaux de terre furent ainsi sacrifiés à ces "businessmen" désireux de développer l'agriculture sur une grande échelle et de gagner beaucoup d'argent en très peu de temps fertiles du pays. Il était évident, écrit le conseiller financier Millspaugh, que les clauses du contrat ne pouvaient être remplies sans déloger un certain nombre d'occupants actuels de la terre. Et d'après les clauses, les fermiers qui pourraient prouver leurs titres de propriété ou leurs contrats d'affermage ne seraient pas molestés, mais les occupants qui ne pourraient pas prouver leurs droits seraient, eux, expulsés. Comme, en général, les paysans n'avaient pas de titres, les autorités avaient pleins pouvoirs pour les déloger et vaincre les difficultés grandes ou petites qui pourraient surgir de ces dépossessions. 

Les capitalistes américains pensaient réaliser de grands bénéfices en Haïti, en particulier à cause de la main-d'œuvre à bon marché. Le Daily Financial America of New York (28 novembre 1926) écrivait : "Selon les informations fournies par le Dr Fumiss, Haïti présente une opportunité merveilleuse au capital américain. L'Haïtien commun et courant est bien doué, il est facilement gouvernable et fournit un bon travail pour 20 centimes, alors qu'à Panama on paie trois dollars par jour à l'Américain pour le même travail.

De 1918 à 1922, des problèmes d'installation gênaient la pénétration économique des hommes d'affaire. Durant cette première phase, les expropriations semblent avoir été réalisées par le biais des propriétaires terriens collaborationnistes. Charles Moravia écrivait en 1922 qu'à partir de 1919, il y eut dans le pays un grand mouvement de biens fonciers. Le prix de la terre quintupla subitement, et un nombre excessif de transactions eurent lieu. Naturellement, il y eut des abus, et alors que les propriétaires se réjouissaient, de vives appréhensions surgissaient dans les milieux politiques.Il faut dire, les dépossessions au profit des grandes compagnies, la corvée demeurent le lot des paysans au niveau de la campagne. Les compagnies utilisaient le main-d’œuvre paysanne et les payaient un salaire de misère soit une gourde par jour et douze gourdes par quinzaine. Au niveau des travaux publics c’était le même salaire journalier. La campagne alimentaire la domesticité dans les villes et les bourgs et le salaire d’une « Bòn »  chargée de la cuisine et d’autres services domestiques sans limitations du temps de service parfois « domi ;leve », dépassait rarement 2 gourdes par mois. Par centaines de milliers les paysans émigrent à cuba. Voir maintenant 

3-Conséquences sur le plan social

Exode de la paysannerie

Criblé de dettes, mal alimenté, privé de son lopin de terre, le paysan connaissait une situation encore plus critique qu'avant l'occupation. D'après les rapports de la gendarmerie, le vagabondage augmentait à la campagne, de nombreux paysans allaient dans les villes Grossir le nombre des chômeurs. L'émigration prit des proportions considérables et tragiques, démontrant avec évidence le mécontentement du paysan qui s'en allait, parfois pour toujours, vers Cuba ou la République Dominicaine à la recherche d'un avenir moins sombre. C’est dans le cas  de rappeler le proverbe « kouri pou lapli tonbe larivye »

Lisons à cet effet ce que rapporte l’Historien Rubens Cadet dans son ouvrage « 19 ans d’occupation américaine en Haïti , la confiscation du territoire » .

« L’émigration des paysans commença timidement en 1912.Elle s’intensifia a partir de 1920 pour attendre le chiffre record de 361758 ériger entre 1924-1925 .Cet exode était encouragé par l’occupant pour pacifier Haïti disait il. Il représentait aussi un moyen de combattre la guérilla caco. Il s’agissait d’envoyer à cuba et en République Dominicaine une main d’œuvre a bon marché, destinée a briser les grèves et a faire baisser les salaires. Dénommée traité des noirs ou traité verte, cette émigration était au profit des centrales sucrière américaines installées a cuba et en République Dominicaine. L’occupant prit  a cet effet une loi d’émigration et des bureaux établis à Port Au Prince ,  à Cuba et en République Dominicaine prélevaient une taxe spéciale sur les cartes de sortie et d’entrée .

D'après M. Séjourné, Inspecteur Général des Douanes, plus de 300.000 Haïtiens abandonnèrent le pays durant les 19 ans de l'occupation et aucun ne revint à sa terre natale. Pour sa part, le Conseiller Financier évalua à 209.080 le nombre d'émigrés vers Cuba légalement recensés durant la période 1915-1929. En réunissant les données provenant de diverses sources, on peut apprécier de façon approximative les dimensions du phénomène migratoire :

L'émigration clandestine représentait entre le tiers et la moitié de l'émigration légale. Ainsi, une moyenne annuelle de 30 ou 40 mille adultes allaient à Cuba en quête de travail. Pour l'année 1920, on estimait à environ 50 mille hommes les émigrants haïtiens à Cuba, (émigration légale et clandestine). Une baisse fut enregistrée dans la période suivant la crise mondiale. Cependant, en 1930, selon le consul haïtien dans la région de Camaguey, trente mille Haïtiens arrivèrent dans cette seule province cubaine.

L'émigration vers la République Dominicaine demeurait hors de tout contrôle, mais était supérieure à celle vers Cuba. L'opinion publique dominicaine s'alarma et en vint à parler de la "menace haïtienne.

La saignée constituée par l'exode des  paysans affecta terriblement l'économie du pays. En 1927, le journal Le Temps (2 octobre) signalait que "le Sud n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut il y a 10 à 15 ans". Ce département perdit plus de 80.000 hommes, sans compter Les femmes qui partaient se prostituer pour gagner leur vie. Cette situation obligeait les enfants et les femmes à accomplir des travaux ordinairement attribués aux hommes.

Une petite fraction de ces émigrants parvint à une vie meilleure. Ce sont les "viejos" qui ont constitué un thème haut en couleur dans la littérature haïtienne. Ils revenaient avec quelques centaines de dollars d'économie, de bons costumes, des souliers, des dents en or et des lunettes.Mais la majorité revenait pauvre comme avant, après avoir souffert d'innombrables humiliations et étant physiquement abrutis pour avoir fourni de 10 à 15 heures par jour de dur travail dans les champs de canne. Les contrats de travail transformaient l'émigré en serf, presque en esclave. "Lorsqu'ils retournent dans leur pays - note M. Winthrop consul américain au Cap-Haïtien -ils oublient leur âge et parfois jusqu'à leur nom".Cette émigration constituait un apport de main-d'œuvre presque servile aux raffineries de sucre cubaines et dominicaines, propriétés de capitalistes américains. La United Fruit, par exemple, employa 8.000 de ces émigrés en 1926 et 12.000 en 1927.Les officiels américains encourageaient cette "traite des noirs, se transformant en agents actifs de recrutement”. D'après eux, l'émigration apportait une solution au problème démographique, puisque la population de la République était au-dessus de sa capacité productive. De fait, l'émigration massive était devenue une soupape de sûreté pour les crises agraires suscitées par les dépossessions.Les conditions d'emploi étaient odieuses. Une loi votée en février 1924 exigeait l'acquisition d'une licence de 2.500 gourdes (500 dollars) par les agents de recrutement étrangers, et une de 500 gourdes (100 dollars) par les agents d'origine haïtienne. Ces "agents" étaient obligés d'assurer le passage des immigrants, de leur garantir le paiement du salaire et de leur assurer le passage de retour. Nous allons analyser la paysannerie , et les champagnes anti-vodou sous l’occupation ce qui est considéré comme conséquence de l’effondrement de la paysannerie haïtienne .

La paysannerie les campagnes anti vodou sous l’occupation américaine

Pour mieux asseoir son autorité, l’occupant va s’en prendre directement aux ougans  et a la pratique du vodou. Ses espions lui indiquent les habitations ou se déroulent des cérémonies et des participants sont arrêtés et  enrôlés de force dans la corvée. Sous l’influence de l’église catholique et du président Louis Borno qui est un fervent catholique. En effet, la campagne contre le vodou entraine l’arrestation et la disparition de plusieurs ougans et mambo ainsi que la destruction d’un nombre considérable de temples de vodou. Et cette misère , ces situations extrêmes et chaotiques dans le pays sous l’occupation américaine spécialement les paysans ont comment à laisser le pays , il sont été obligés à se rendre en république voisine et dans d' autre pays dans la caraible ce qui va nous donner un grand nombre haïtien en république dominicaine et exécutér quelque années après l’occupation américaine


Relations haitiano-dominicain, Massacre des Haïtiens 

L’anarchie, l’instabilité, la violence accompagnée presque toujours de pillage et d’incendies liés aux luttes pour le pouvoir  avaient conduit nombre d’haïtiens à l’exaspération, au désespoir. A ce moment le pays a connu une accélération de l’exode. 

Les expulsions ,massacres et assassinats de travailleurs haitiens sont la consequences directe de l’occupation americaine qui force les haitiens a fuir le pays qui en 1937 , va entrainer le massacre des haitiens en Republique Dominicaine sous l’ordre directe du ductateur Trujillo,mais avant tout il faut considerer en 1933 des travailleurs haitiens son pour chassés et assassinés à cuba d’où 8000 haitiens sont expulsés en 1934



















Conclusion 


En sommes après tant de recherches faites sur les conséquences de l’occupation américaine sur la paysannerie nous pourrons dire les conséquences sont multiples et multidimensionnelles . Premièrement il ya la destruction complète de la classe ouvrière il y avait aussi , la fin de la lutte résistance des paysans  il ya aussi la corvée , l’exil des paysan en république voisine , la dépossession des terres , écrasement des paysans , pendant  l'occupation la paysannerie faisait face à la nouvelle situation d'exploitation et des  répression extrêmes. Ils étaient Considérée comme un ensemble d'êtres inférieurs ou  comme un troupeau de bêtes de somme, elle connut effectivement les  coups du "Big Stick" .Dans un mémorandum au Département d'État, l'Union Patriotique dénonçait l'expropriation implacable et illégale des paysans de leur lopin de terre sur l'ordre d'officiels américains du bureau des impôts qui défendaient naturellement les intérêts des compagnies américaines ;elle dénonçait aussi les abus et les incarcérations pour des offenses ou  de prétendues offenses à la gendarmerie, l'exploitation des fermiers par la garde rurale, etc. La paysannerie était victime, fondamentalement, de l'odieux régime de la corvée , appliqué avec la plus grande  rigueur pour la construction de routes entre les principales villes . Les paysans se refusèrent formellement à la corvée. Pour imposer ce travail forcé, les "marines" n'hésitèrent pas à utiliser la brutalité sous toutes ses formes.  Les fonctionnaires locaux, les chefs de section et les gendarmes agirent de la même façon pour réunir les contingents nécessaires aux tâches requises. . Les paysans tentèrent par tous les moyens d'échapper à ce travail forcé. Plusieurs pensaient que les Américains voulaient rétablir l'esclavage .Pour répondre à la réaction de la paysannerie qui allait grossir les rangs de la résistance armée, l'indignation de l'opinion publique et même d'une partie de la presse américaine,  et aussi face à la protestation de certains milieux officiels haïtiens, une loi promulguée par le chef de la gendarmerie en septembre 1918, dans la période du  plus grand essor de la révolte paysanne, abolit la corvée. Mais ce n'était qu'un écran de fumée. La corvée dura jusqu'en 1929, alimentant le sentiment anti-américain des masses, les poussant à toutes les formes  de résistance. En somme le paysan haïtien sera la victime la plus cruellement frappée et il nourrira toujours un mécontentement non dissimulé contre les américains car elles détruisaient leurs terres pour la production du Sisal , ils établirent la corvée , ils mettaient fin à la résistance paysannes .L'écrivain Charles Moravia, ministre d'Haïti à Washington, conclut : "Ces fréquentes injustices, plus le régime de la corvée, ont eu pour effet de compromettre presque complètement la sympathie de la population rurale, sur laquelle les forces d'occupation auraient pu s'appuyer plutôt que sur la vigilance de la police" 

Nous pourrons dire L’Occupation américaine d’Haïti:   avait comme  conséquences écrasement de la résistance paysanne, fin du régionalisme et du militarisme, et il avait construire un État de allure faible, et aussi une tentative de modernisation économique de type capitaliste, émergence d’une classe moyenne faible et d’une classe ouvrière embryonnaire. Sur ce point on peut dire  les intérêts stratégiques des États-Unis d’Amérique et, dans une moindre mesure, leurs  intérêts économiques et leur faux altruisme, les avaient convaincus de la  nécessité d’occuper le pays, de le doter d’un système politico-administratif  moins instable et d’un certain développement matériel. Les efforts de modernisation sociale et économique et les travaux d’infrastructures avaient changé le visage du pays. L’impact de la pénétra tion du capital étranger, tout en étant très limité, avait favorisé une reconfiguration  des structures sociale et économique du pays. En effet, l’extension des rapports capitalistes de production avait entraîné l’apparition des petites et moyennes entreprises et l’émergence d’une classe moyenne et  d’une classe ouvrière faibles, certes, mais pas aussi insignifiantes qu’avant.  Mais l’exode rural et l’émigration massive des paysans expropriés vers  Cuba et la République dominicaine furent les conséquences tragiques du  bouleversement de l’ordre social et économique antérieur. En outre, ces  changements eurent aussi des retombées politiques. Port-au-Prince devint  le seul et unique théâtre de la lutte pour le pouvoir. L’influence des masses  urbaines s’accrut aux dépens de la paysannerie, en raison même de la centralisation qui mit fin au régionalisme et au brigandage politico-militaire.  Malgré tout, ces progrès notoires et notables constituaient une bombe à  retardement.

 On peut toutefois se demander si l'occupation a été bénéfique pour Haïti ? On doit lui imputer une notable part du développement de l'infra structure ferroviaire et routière, destiné à l'origine au développement des frandes compagnies étrangères, mais qui bénéficiera à l'ensemble de l'économie haïtienne ultérieurement ; c'est bien là la résultante de l'action coloniale constatée un peu partout dans le monde.  Les masses paysannes connurent avec l'occupation, la fin du recrutement forcé, caractéristique de la période antérieure à 1915, il n'en reste pas moins que le mécontentement paysan se prolongea durant toute l'occupation, éclatant parfois avec fracas. Les actes  résistance et de révolte des masses paysannes, démentent Toutes les assertions sur "la collaboration du peuple". Mais comme les  Haïtiens, selon le Haut-Commissaire Russel, avaient une mentalité d'enfants de sept ans, les manifestations de mécontentement furent très rapidement classées comme actes de banditisme. Le paysan, désireux de se libérer à tout prix de cette situation, rejoignit dans les premiers temps, le mouvement armé de Charlemagne Péralte, alla grossir les rangs de l'émigration ou renforcer le lumpen prolétariat des villes. Le tribut payé par la paysannerie fut donc des plus lourds, sans que les "bénéfices" annoncés par l'occupation se fissent sentir pour elle. Ce sont uniquement les minorités représentant le pouvoir féodal traditionnel, les milieux politiciens les plus serviles et les hommes d'affaires haïtiens qui bénéficièrent de l'occupation. Les expropriations, la corvée, l'émigration forcée, furent autant d'autres formes de l'arbitraire du "blanc" qui heurtèrent profondément les intérêts de la paysannerie en tant que classe.

En  définitive, comme disait Suzy Castor et son compagnon Gérard Pierre Charles : le désarmement de la population et les brutales répressions auxquelles donna lieu le mouvement armé de Charlemagne Péralte contribuèrent à détacher la paysannerie de la scène politique du pays, lui faisant perdre son dynamisme caractéristique. À partir de l'occupation américaine, la paysannerie haïtienne demeura plongée dans une profonde apathie qui l'a transformée en une proie plus facile pour la classe féodale, la bourgeoisie commerçante et les politiciens corrompus.







Référence Bibliographique


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Dantès Bellegarde, L'occupation américaine D’Haïti, ses conséquences morales et politiques, Première édition, 1929. Haïti, Port au Prince : Les Éditions Fardin, 2013, 100 pp.

Sauveur Pierre Étienne (2007) L’énigme haïtienne, Échec de l’État moderne en Haïti, presses universitaire de Montréal 357 pp.


GAILLARD, Roger, Les Blancs débarquent. Premier écrasement du cacoïsme, t. III, Port-Au-Prince, Le Natal, 1981. Suivis Les Blancs débarquent. La République autoritaire, t. IV, Port-au-Prince, Le Natal,1981.

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