Affronter la mort en Haïti , est un texte écrit par Jean-Louis Butherly ( Boomba Libertaire , le Médecin de la culture ) en 4 temps . 1er temps : le Suicide des haïtiens 2ème temps : La mort des haïtiens par groupe 3ème temps : le cadavre des Haïtiens dans la rue . 4ème temps : Le palliatif ( dans le sens de déguiser une chose négative )

 Affronter la mort en Haïti , est un texte écrit par Jean-Louis Butherly ( Boomba Libertaire , le Médecin de la culture ) en 4 temps .


1er temps  : le Suicide  des haïtiens


2ème temps  : La mort des haïtiens par groupe


3ème temps :  le cadavre des Haïtiens dans la rue .


4ème temps  :  Le palliatif ( dans le sens de déguiser une chose négative ) du chef de l'État


En ce moment en Haïti ( première République noire du Nouveau monde ) mourir à l'heure n'oblige pas à disparaître en avance, n'exagérons rien... Se jeter dans le vide à Port au prince pour des  raison d'insécurités extrême  paraît d'une prudence excessive, voire d'une précaution vaguement maladive !


 La pulsion de mort retournée contre soi offre une solution divine certes, mais en présence de la mort : la ponctualité suffit, l'instant propice fait l'affaire. Nul n'est tenu de vivre et périr en Romain par anticipation. La grandeur et l'élégance, oui, mais sans précipitation. Rien ne sert de courir... 


Où est la bonne heure? Quand trop tôt et quand trop tard? Le suicide est prématuré quand la vie se trouve devant soi, que tout n'a pas été essayé pour pallier les difficultés qui conduisent à l'envisager, que les raisons susceptibles de motiver la mort volontaire relèvent de l'anecdote : histoires d'amour contrariées, ruptures relationnelles, faillites professionnelles, dettes domestiques, ou causes existentielles - ne pas trouver de sens à son existence, se sentir submergé par le nihilisme, détester ce que l'on est... 


De l'avoir, du paraître, des causes adjacentes à soi-même, de l'investissement fautif en autrui, autant d'incidents de l'histoire plutôt que d'accidents, de broutilles en regard d'une existence de condamné à mort à brève échéance...Les justifications habituelles du suicide . presque chaque jours dans le monde  paraissent ridicules vu sa gravité extrême. Parfois peu suffit pour résoudre les difficultés quand rien même n'a été essayé, entrepris, voire envisagé pour sortir de la mauvaise passe dans laquelle se trouve le candidat à l'entrée dans le néant. 


Le défaut de pensée, de réflexion, le manque d'analyse, l'absence de méditation, l'ignorance des solutions et des pouvoirs de la volonté, l'inscience même d'une sagesse alternative à ce qui semble le pire sur l'instant semblent souvent responsables du choix radical.Combien d'adolescents douloureux, impatients de trouver une place dans le monde du travail, donc de donner - croient-ils  un sens à leur existence, choisissent le comble du non-sens dans un moment pareil ? Désorientés, perdus, délaissés, sans repères ou recours affectifs, de jeunes garçons ou filles se suppriment à l'aube d'une existence même pas entamée. 


Gâchis... Sacrifice social... Durkheim montre cette part incompressible de mort volontaire dans toute société, elle semble le tribut payé par des individualités rebelles, fragiles, délicates, incapables de courber l'échine pour entrer dans les cellules sociales qu'on leur propose. A ce destin d'esclave, en Romains qui s'ignorent, ces jeunes préfèrent le néant, à tort, car

ils n'ont appris de personne les possibilités de ne pas consentir à la servitude sans pour autant mettre fin à leur existence...Même remarque pour les adultes qui, au lieu de changer de vie, de relations, de monde, de pays, de travail, de région, de mode d'existence, d'époux ou d'épouse, d'employeurs responsables de leurs maux préfèrent arrêter une existence susceptible de s'engager sur des voies moins douloureuses si seulement la raison, la volonté, la décision avaient pris le pas sur un désarroi excessif à l'origine de la réponse disproportionnée. Autant de mauvaises raisons de recourir à cette médication superbe dont il faut conserver le caractère exceptionnel, fondé, motivé, philosophique, et pour tout dire - romain.Voilà pour le trop tôt, l'inapproprié, l'avant l'heure...


 Et trop tard? Jamais s'il s'agit de reprendre l'avantage sur le destin et la nécessité. La bonne heure suppose qu'on soit un mort-vivant : ni tout à fait vif, il manque quelque chose pour dire le décès, ni complètement mort, un presque-rien fait défaut pour décréter la vie terminée. Mais vivant très engagé dans la mort, sans espoir de retour,


condamné de manière définitive, soit par une vieillesse handicapante, soit par une maladie mortelle à brève échéance. La mort volontaire stoïcienne, grande et belle, témoigne pour un sursaut de vouloir libertaire quand la nécessité veut pour nous : Gilles Deleuze enjambant sa fenêtre pour échapper à une existence irrémédiablement vouée à la douleur, par exemple. La bonne heure ? Quand la pulsion de mort semble triompher mais qu'une analyse plus fine montre la paradoxale domination de la pulsion de vie. Comment ? Pourquoi? Parce que l'amour de la vie comme occasion d'exercer sa liberté, son vouloir, sa puissance, sa marque, son désir, son plaisir est plus fort dans le geste d'autolyse que la continuation d'une existence médiocre, mutilée, moindre, entravée, et surtout , logique hédoniste   dominée par le mal absolu : la souffrance. 


Bien mourir plutôt que mal vivre ; jouir d'une mort volontaire et non subir une vie grabataire. La liberté dans le choix de Thanatos contre la dépendance d'un corps entièrement offert à la déchéance. Mieux vaut mourir par amour de la vie noble que vivre en préférant une mort ignoble.Bref 


Une petite tolérance : quand la voix de Dieu nous invite à mourir dévoré par les lions en martyre, on ne parle pas de suicide... Quand Dieu commande on peut difficilement se soustraire à son vouloir ! Surtout quand les hommes du clergé - dont l'évêque d'Hippone... - disposent du monopole légal de porte-voix du Seigneur...




Référence Michel Onfray , Feeries Anatomique , édition Grasset , 2003 .


De Jeremy Bentham,Déontologie ou la science de la morale, tomes 1 et 2, 1834, éd. Charpentier ...


 Jean-Pierre Cléro et Christian Laval, Points-Seuil. Et Essai sur la pédérastie, trad. 


Jean-Claude Bouyard, éd. Question de genre / GKC, 2002. Un bref mais bon aperçu sur le mode abécédaire .


Le Vocabulaire de Bentham,J.-P. Cléro et C. Laval, Ellipses, 2002. 


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