Quelles sont les forces et les faiblesses du système éducatif haïtien?


Sujet : Quelles sont les forces et les faiblesses du système éducatif haïtien? Par DAMIS Mondy


Plan rédactionnel

Introduction

Brève historique de l’éducation haïtienne

Un système ? les organes du système éducatif haïtien

Forces et faiblesses du système 

Recommandations

Conclusion par l’analyse du système éducatif haïtien
















Introduction

 L'éducation d'un pays est un système de loi, d'institutions, de programmes, de méthodes, de systèmes d'examens se référant à une certaine philosophie de l’éducation (Gaston, Mialaret, 1981). Ou encore un ensemble de manières d'organiser, de moyens mis en place de par les autorités étatiques pour mener à bien le processus éducatif.

Haïti, fraîchement libérée des oppressions du colonialisme, de l'esclavagisme et du racisme, a voulu préparer ses enfants pour la bonne marche de la société et la bonne gestion des institutions  du pays en leur inculquant une formation éducative digne de leur indépendance. La question de comment faire s’est déjà posée car la jeune nation n’a pas encore eu assez de ressources humaines et d’institutions compétentes en la matière. Cependant on doit  commencer l’éducation nationale  pour préparer des cadres  utiles à l'avenir  du pays. Ainsi, le processus éducatif de la jeune nation a débuté dès sa genèse jusqu'à son évolution. L'ensemble de  ces moyens mis en place pour l'organisation de l'éducation en Haïti constitue un tout, autrement dit, un système. D'où l'expression de système éducatif haïtien. 

Dès la genèse de l’éducation haïtienne, elle ne cessait de rencontrer des difficultés d’ordre divers  comme des problèmes de gestion et ressources humaines insuffisantes, difficulté de l’Etat d’appliquer une politique éducative ... L’ensemble de ces obstacles se laisse à questionner l’existence du système. Vu les problèmes et défis de l'éducation haïtienne, est-ce possible de parler d'un système éducatif  haïtien? La société haïtienne en général, les gouvernements qui se succèdent au pouvoir en particulier,  en vue de relever le niveau de vie de la population, de faire de l’éduction le levier du développement économique, politique, social, et humain, de poursuivre les objectifs de Jometien et de Dakar et de s’accrocher aux ODM(Objectifs du Développement Millénaire), doivent faire face qui se posent au secteur de l’éducation et qui concernent particulièrement l’accès et l’offre de l’éducation, la qualité et la gouvernance.(PIERRE, Délima, « Constitutions, Lois et Education en Haiti,1801-2011p.28).Comme tout autre système éducatif du monde, celui d’Haïti a ses points forts et ses points faibles. Mais, qu’est-ce qui constituent les forces et les faiblesses de notre système éducatif? 

C’est bien la question qui retient le plus notre attention et à laquelle nous allons tenter de répondre dans les paragraphes à venir.

Brève historique de l’éducation haïtienne

Pour mieux cerner le sujet et savoir en quoi constituent les forces et les faiblesses du système, faisons en une brève historique.

D’après l’auteur Maurice Dartigue, (1804-1938) « l’enseignement n’existait pas encore durant l’époque coloniale pour ainsi dire ». Mais avec le Gouverneur Général Toussaint Louverture, suivant l’article 68 de la constitution de 1801, un premier système éducatif fut créé et géré par la Mairie.

Après l’indépendance, Dessalines fit inscrire dans la constitution impériale une école populaire dans chacune des six divisions militaires de son empire (article 19) sans toutefois réaliser ce projet. Christophe érigea des écoles à tous les niveaux de l’enseignement et des embryons d’université dans certaines villes de son royaume. Pétion fonda le premier lycée national et quelques autres écoles. Sous Boyer, l’éducation fut reléguée aux champs des bonnes intentions.

En 1844, marqua la naissance du 1er organe chargé de gérer l’éducation en Haïti avec pour ministre Honoré Ferry. Le gouvernement de Geffrard établit, en effet, de nombreuses écoles en Haïti et encouragea l’instruction à grande échelle. Par la signature du concordat de1860, les écoles catholiques allaient jouer  un rôle important dans le système éducatif  haïtien. L’histoire de l’enseignement en Haïti peut-être subdivisée en cinq grandes périodes qui donnent à comprendre son évolution en la situant dans son contexte socio-économique et politique. Ces périodes particulièrement intéressantes parce qu’elles sont des moments d’innovations et de reformes véritables ont l’avantages de confondre à des périodes historiques clés de la formation sociale haïtienne. Les deux premières périodes se regroupent pour former un premier moment de gestation de l’instruction publique en Haïti. Les trois dernières, un moment appelé moment de consolidation de l’instruction publique.

La première commence avec le gouvernement de facto de Toussaint Louverture (1797-1801).  La seconde débute en 1915 avec l’occupation militaire américaine du territoire (1915-1934) caractérisée par la recherche constante du contrôle des institutions d’enseignements par les forces d’occupation et par la lutte du peuple haïtien pour la sauvegarde et l’affirmation d’une identité culturelle propre. La troisième est celle de la démocratisation scolaire débutée avec la révolution de 1946 et s’est arrêtée à la réforme des années 1980.

Un système, c’est quoi ?

 Avant même d’entrer dans le vif, commençons par définir des concepts-termes du sujet.

Suivant le dictionnaire français, retenons cette définition pour le terme système : Ensemble d’éléments, de concepts reliés, organisés en une structure. Nous avançons pour dire qu’un système est un ensemble d’éléments, d’organes ou d’instances réunis, interagissant les uns envers les autres en vue la réalisation, l’exécution ou le fonctionnement d’une tâche donnée. Et, qu’en est-il d’un système éducatif ? Un système éducatif est l’ensemble constitué  de tous les composantes et acteurs interagissant dans l’enseignement et la formation.

En effet, le premier acteur constituant le système éducatif haïtien est l’Etat représenté par le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP). L’administration du système constitue une des fonctions  du Ministère, régie par le décret-loi de 1989.Ce décret précise les fonctions des différentes instances administratives du Ministère. La structure organisationnelle présente un ensemble de directions centralisées et décentralisées travaillant sous la supervision de la Direction Générale du  ministère.

A cette Direction générale chargée de l’administration centrale du système se rattachent des instances administratives et techniques comme les Directions de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire, le Bureau de gestion de l’enseignement préscolaire et le Bureau de de coordination de l’enseignement privé. La Direction de la formation et du perfectionnement. L’Institut national de formation professionnelle qui allait plus tard remplacer  par l’Institut pédagogique national joue un rôle important dans la conception et la mise en œuvre de la réforme des années 70. On y trouve la Direction de la planification et de la coopération externes chargée de l’élaboration et du suivi de la planification du système. Dans le cadre de décentralisation, le Ministère délègue une partie de ses pouvoirs aux Directions départementales, Bureaux de district scolaire et d’Inspection de zone via les Directions départementales d’éducation. L’évaluation et le système d’examens sont administrés par le Ministère via son Bureau national d’examens. Le système éducatif  haïtien redéfini depuis la réforme de Bernard comprend l’éducation préscolaire, l’école fondamentale, l’enseignement secondaire, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur. Malgré de grands efforts consentis, le système a quand même ses forces et ses faiblesses. C’est que nous allons voir.

Forces et faiblesses du système éducatif haïtien

Pour montrer les forces et faiblesses du système, il faut d’abord considérer les efforts effectués au jour le jour pour améliorer l’éducation nationale, ensuite, tenir compte de l’ensemble des problèmes et défis auxquels le système fait face quotidiennement.

Comme tout autre système éducatif du monde celui d’Haïti a des points forts et faibles. Pour ce qui concerne les forces, peu nombreuses soient-elles, cette volonté fut déjà traduite par les pères fondateurs de la nation en promulguant des lois régissant les affaires éducatives du pays. De 1801 à 1987, 29 constitutions. Elles traduisirent la volonté de faire l’éducation des jeunes et des masses. Le système est de ce fait très riche en matière de législation scolaire. Cette richesse constitue déjà un point fort pour le système. Néanmoins, il faut aussi faire mention d’absence et de rareté de lois pour définir les conditions et moyens en question.

Aussi, une des forces du système se réside dans la démocratisation de l’éducation qui était au paravent l’affaire des élites uniquement. Maintenant, on assiste à la présence de l’école dans beaucoup de milieux ruraux même quand il reste de les mieux structurer et les doter des ressources nécessaires et adéquates. Autre point fort du système est que de nos jours on assiste à une scolarisation massive des jeunes.  Même quand beaucoup restent à faire, car moins de 25% des enfants en âge scolaire ont accès à l’école primaire en milieu rurale en 1995, si l’on veut croire le MENFP (1998), dans son Plan national d’éducation et de formation p. 22.

Malgré la richesse en matière de législation scolaire, la démocratisation de l’éducation, la massification scolaire et l’apport considérable de la reforme de Bernard en 1979 subdivisant le système en paliers, niveaux ou ordres d’enseignement, le système éducatif haïtien laisse encore de voir ses faiblesses d’ordre divers. Précisons donc les plus pertinentes.

Le Plan national d’Education et de Formation, adapté en 1998, la Stratégie Nationale d’Action pour l’Education Pour Tous de 2007 et le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance Economique et la Réduction de la Pauvreté, 2007, le Plan Opérationnel de l’Eduction de 2011 posent le constat  du secteur éducatif souffrant d’un déficit majeur décliné en termes d’accès limité, offre inadéquate, absence de gouvernance, faiblesse de la qualité, manque d’efficacité interne et externe, prédominance du réseau privé, analphabétisme, inégalité scolaire. 

En vue de certains améliorations et changements durables, nous allons faire des recommandations. 

Recommandations

Le secteur de l’éducation est caractérisé, entre autres, par : une offre et un accès limité  en éducation préscolaire, fondamentale, secondaire, professionnelle et universitaire ; un  taux élevé d’analphabétisme ; un déficit de la qualité de l’éducation ; un manque de gouvernance ; un rendement interne et externe inefficace et inefficient ; prédominance du réseau privé ; inégalité scolaire. Pour redresser la «  barque de notre  système », apporter des changements durables dans notre éducation et faire de lui le levier du développement tant souhaité par plus d’un ; nous faisons les recommandations qui suivent :

1. Faire de la langue maternelle, le créole, celle de l’enseignement-apprentissage ;

2. Fournir une éducation à la citoyenneté, au patriotisme, au « vodouyisme » dès en classe préscolaire ;

3. Généraliser l’accès à l’éducation pour favoriser l’enseignement des enfants vulnérable ;

4. Assurer la gratuité de l’éducation basique et fondamentale en augmentant le budget ; 

5. Garantir l’accès à l’enseignement secondaire ;

6. Promouvoir une éducation universitaire des trois cycles de l’enseignement supérieur ;

7. Définir et faire appliquer une politique éducative technique et professionnelle fidèle aux besoins du marché travail tant en qualité, en diversité qu’en quantité ;

8. Pourvoir à la gouvernance et au contrôle du secteur éducatif ;

9. Poursuivre une éducation consciente des besoins de développement du pays ;

10. Décentraliser l’organisation du système éducatif en augmentant le pouvoir des départements géographiques et des autorités locales sur l’éducation, les écoles et ressources ;

11. Définir les organes et appliquer les instruments de contrôle et d’évaluation du secteur ;

12. Faire de l’éducation une affaire d’État intégrée dans une planification stratégique ;

13. Définir la présence de l’État dans l’établissement de type privé ;

14. Légiférer  sur les métiers se rapportant à l’éducation et se complètent à l’école ;

15. Améliorer la qualité des services éducatifs par la formation initiale des intervenants scolaires ;

16. Poursuivre l’égalité des chances entre fille et garçons ;

17. Fournir une éducation au regard du développement scientifiques et technologique.

Conclusion par l’analyse du système éducatif haïtien

En fin compte  nous mentionnons que les bases de l’enseignement  haïtien furent posées par la politique éducative du libérateur Toussaint Louverture et les fondateurs de l’État haïtien.

 Après l’indépendance, les diverses constitutions élaborées ont accordé une place importante à l’éducation. L’éducation haïtienne est de ce fait riche en matière de textes de lois. Ainsi, le décret-loi de 1989  attribue au ministère de l’éducation nationale la responsabilité de définir et d’appliquer la politique du gouvernement haïtien en  matière d’éducation. Ce ministère est composé de directions, de bureaux, et d’autres organes responsables de la planification des affaires académiques du système. Il construit des programmes, indique de méthodes d’évaluation  de systèmes d’examens. Le système éducatif haïtien comprend les secteurs  non formels et formels. Redéfini depuis le reforme de Bernard, il comprend l’éducation préscolaire ; l’enseignement fondamental ; secondaire, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur. Sur les plans organisationnel et structurel et compte tenu de la réunion  de l’ensemble de ces éléments répondant à l’organisation de l’éducation haïtienne, on peut en fait parler de l’existence d’un système éducatif  haïtien.

Cependant l’incapacité de l’Etat de répondre à la demande scolaire qui ne fait qu’augmenter laisse place à la religion qui vient s’ancrer dans l’éducation en Haïti et avoir mainmise sur cette dernière. Ce qui constitue la source des inégalités scolaires. En dépit des problèmes et défis à relever, le système éducatif  haïtien existe.

 Donc, il nous reste qu’à mettre en pratique les diverses recommandations et les suggestions de nos reformes éducatives pour que le système éducatif haïtien en général puisse être l’objet d’une attente particulière dans les programmes de développement économique afin d’offrir à la population une culture moderne  tout en abandonnant le système modelé sur la conception des religieux occidentaux implantés en Haïti depuis le début du XIXe siècle et qui n’a pas pu provoquer qu’échec scolaire en fonction de leur inadaptation de la forme et l’organisation scolaire qui favorisent l’inégalité.



Bibliographie

1. Joint, L. A. (2007). Système éducatif et inégalités sociales en Haïti le cas des écoles catholiques. Paris : L’Harmattan, 525p.

2. Brutus, E. (1993). Instruction publique en Haïti, 1492-1945. Port-au-Prince : Imprimerie de l’Etat.

3. Pierre, Délima, (2012). Constitutions, Lois et Educations en Haïti1801-2011 : élément de politiques éducatives. Port-au-Prince, Editions Mémoire

4. Ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Le développement l’éducation. Rapport international d’Haïti. Conférence internationale de l’éducation, 47e session, Genève, 2004.

5. Haiti-references :Educations ( http ://www.haiti-reference.com/education/)


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